Pause numérique : quels sont les défis de sa mise en œuvre dans les établissements scolaires ?

Un enfant en train d’étudier en cours
Le ministère de l'Éducation voit dans la "pause numérique" un moyen de pacifier le climat scolaire, souvent mis à mal par les dérives liées à l'utilisation des smartphones. - Photography Dobrila Vignjevic / Getty Images©

La pause numérique fait débat. Alors que de nombreux collèges en France interdisent désormais les smartphones et tablettes pour l’apprentissage scolaire, de nombreuses questions se posent. Quels en sont les critiques de la part des élèves et des enseignants ? Faisons le point sur le coût de cette expérimentation.

Pour un meilleur climat scolaire : la France mise sur la pause numérique

Depuis 2018, la France a instauré une “pause numérique” obligatoire dans les écoles maternelles, élémentaires et collèges. Cette mesure, qui interdit l’utilisation des écrans, vise à améliorer le climat scolaire et à favoriser la concentration des élèves. Si les lycées ont plus de latitude pour définir leur propre règlement, la règle est claire dans les collèges : les téléphones doivent rester éteints et rangés. Selon les syndicats enseignants, cette “pause numérique” est globalement bien respectée et a permis de réduire considérablement l’utilisation des smartphones au sein des établissements. En cas de non-respect, des sanctions sont prévues pour garantir le bon déroulement des cours et préserver un environnement d’apprentissage serein. Cette mesure, bien qu’elle puisse susciter des débats, s’inscrit dans une volonté de protéger les élèves des effets néfastes d’une utilisation excessive des écrans.

Soutenue par les experts, cette expérimentation s’invite dans les collèges

L’expérimentation de la “pause numérique” dans les collèges français fait suite aux recommandations d’une commission gouvernementale sur les écrans. Les experts ont souligné les effets néfastes d’une exposition excessive aux écrans chez les jeunes, notamment sur leur concentration et leur bien-être. Le ministère de l’Éducation espère ainsi améliorer le climat scolaire, souvent perturbé par le cyberharcèlement et la diffusion de contenus inappropriés via les smartphones. En limitant l’accès aux écrans pendant les heures de cours, les autorités visent également à optimiser les résultats scolaires des élèves. Pour Jérôme Fournier, cette mesure répond à un besoin réel dans les établissements scolaires, où les règles actuelles ne suffisent plus à encadrer l’utilisation des téléphones portables.

Du cours à la sortie scolaire : les smartphones bannis de tous les temps forts

Plus de 50 000 collégiens participeront à cette expérimentation qui vise à interdire les téléphones portables en classe et pendant les activités scolaires. Chaque établissement pourra choisir la méthode la plus adaptée, comme l’utilisation de casiers. Les élèves déposeront leurs smartphones dans des casiers sécurisés à leur arrivée au collège. Ils pourront les récupérer uniquement à la fin des cours. Cette mesure s’applique à toutes les heures de cours, aux activités périscolaires et même aux sorties scolaires. Cette interdiction s’étend à l’ensemble du temps scolaire, qu’il s’agisse des cours, des activités extrascolaires ou des sorties organisées par l’établissement.

130 millions d’euros pour ranger les téléphones : un projet ambitieux à coût élevé

La généralisation de la pause numérique dans tous les collèges français, prévue pour janvier 2025, suscite de vives inquiétudes. Les départements, responsables de l’entretien des bâtiments scolaires, estiment que ce déploiement précipité engendrerait des coûts exorbitants, avoisinant les 130 millions d’euros. Ils soulignent également les risques de vol liés à l’installation de casiers pour les téléphones, posant ainsi la question de la responsabilité en cas de perte.

La déconnexion totale des écrans sous le feu des critiques des syndicats enseignants

La communauté éducative, et notamment les syndicats Snes-FSU et SE-Unsa, émet de sérieuses réserves quant à la mise en œuvre de cette expérimentation. Ils dénoncent un manque de concertation flagrant avec les enseignants, qui se sentent exclus des prises de décision concernant leur quotidien professionnel.

Par ailleurs, ils soulèvent de nombreuses questions pratiques qui restent sans réponse : comment organiser la récupération des téléphones à l’entrée et à la sortie des établissements, surtout dans les établissements scolaires surchargés ? Comment gérer les élèves qui possèdent plusieurs appareils ou qui oublient de les déposer ? Qui sera chargé de surveiller ces procédures, et comment concilier cette tâche avec les autres missions des enseignants ? Ces interrogations témoignent d’une mise en œuvre jugée complexe et susceptible de créer de nouvelles difficultés, notamment en termes de gestion du temps et de charge de travail pour les équipes pédagogiques.

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Avec ETX/DailyUp

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