Alcool chez les jeunes : les réseaux sociaux, nouveaux barmans numériques ?

Jeune consommatrice de bière exposée à des publicités pour l'alcool sur les réseaux sociaux.
Entre 2021 et 2024, 802 marques et 483 influenceurs ont diffusé plus de 11 300 contenus promouvant la prise d'alcool sur chez les jeunes. - Photography skynesher / Getty Images©

Les réseaux sociaux facilitent la promotion de l’alcool chez les jeunes. En France, entre juin 2021 et janvier 2024, il a été recensé 11.300 contenus diffusés par les influenceurs valorisant cette tendance. Ces publications soulignent l’absence de loi sur la régulation efficace de ce phénomène.

Alcool chez les jeunes : les réseaux sociaux sont les nouveaux prescripteurs de mode

L’alcool chez les jeunes est aujourd’hui une préoccupation grandissante en France, exacerbée par l’influence grandissante des réseaux sociaux. Des plateformes comme Instagram et TikTok sont devenues des canaux privilégiés pour la promotion de boissons alcoolisées, qui atteignent facilement un public jeune. Entre juin 2021 et janvier 2024, Addictions France, une association spécialisée dans la prévention des comportements à risque, a recensé plus de 11.300 contenus publicitaires pour des marques d’alcool.

Ces contenus, émis par 802 marques et relayés par 483 influenceurs, créent une omniprésence des messages incitant à la consommation d’alcool chez les jeunes. Bernard Basset, président de l’association, a alerté sur les dangers que représente cette surexposition. Selon lui, les jeunes sont constamment sollicités par des images et des messages valorisant l’alcool, ce qui peut renforcer une forme de normalisation de la consommation dans cette tranche d’âge vulnérable.

Les marques surfent sur les plateformes sociales pour séduire les utilisateurs en France

Sur les réseaux sociaux, les marques adoptent des stratégies publicitaires innovantes, misant sur une esthétique soignée et des concepts attrayants pour capter l’attention des utilisateurs. En associant les boissons alcooliques à des thématiques positives comme la convivialité, la fête, la mode ou encore les vacances, des marques telles que Ricard, Heineken ou Aperol Spritz réussissent à ancrer leurs produits dans la culture jeune. Par ailleurs, des marques comme le gin Bombay Sapphire, avec ses 340 contenus recensés en seulement trois ans, démontrent l’efficacité de ces campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux. Pour les associations comme Addictions France, ces pratiques ne font que renforcer le lien entre alcool et plaisir chez les jeunes, un lien potentiellement dangereux pour leur santé à long terme.

Le pouvoir des influenceurs : une menace pour la santé des ados

Les collaborations entre marques d’alcool et influenceurs constituent un levier puissant pour toucher directement les jeunes consommateurs. Les influenceurs, suivis par des millions d’abonnés, permettent aux marques de diffuser des messages publicitaires de manière subtile, mais efficace. Un exemple frappant est celui de Lena Situations, une influenceuse suivie par 46 millions de personnes sur diverses plateformes, qui participe à la promotion de boissons alcoolisées à travers des partenariats sponsorisés.

Ces collaborations rendent la consommation d’alcool chez les jeunes plus désirable et normalisée, d’autant plus que les contenus sont souvent esthétiquement attrayants. 25 % des adolescents exposés à ces types de contenus affirment ressentir une envie accrue de consommer de l’alcool, selon un rapport d’Addictions France. Cette influence est d’autant plus marquante que les jeunes sont souvent très engagés envers les créateurs de contenu qu’ils suivent, créant une relation de confiance et d’identification.

Régulation insuffisante : la loi Evin impuissante face aux géants numériques

Malgré l’existence de la loi Evin, adoptée en 1991 pour réguler la publicité autour de l’alcool, cette législation montre aujourd’hui ses limites face aux nouveaux outils de communication comme les réseaux sociaux. À l’époque, la loi visait principalement à protéger les jeunes de l’exposition à des publicités agressives en matière d’alcool, mais elle ne prend pas en compte les nouvelles réalités numériques.

Les sanctions financières prévues par la loi Evin, qui peuvent aller jusqu’à 75.000 euros, ne sont pas suffisamment dissuasives pour des entreprises investissant des dizaines de millions d’euros dans leurs campagnes publicitaires. Addictions France a plusieurs fois dénoncé l’insuffisance de cette régulation, notamment dans un contexte où les marques peuvent exploiter les failles des réseaux sociaux pour contourner ces règles.

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