Coup de théâtre pour Meta ! Si ses applications mobiles et sociales ont longtemps prôné la gratuité, il en est autre aujourd’hui. Facebook et Instagram doivent désormais proposer des abonnements payants pour un accès sans publicités aux utilisateurs européens afin de se conformer au règlement de l’UE.
Facebook et Instagram : terminé les accès gratuits pour les utilisateurs européens !
L’on ne s’y attendait pas… ou si. Aux dernières nouvelles, Facebook et Instagram emboîtent le pas à X (ex-Twitter) en adhérant également aux abonnements payants. Ces offres s’adresseront exclusivement aux utilisateurs européens rejetant leurs publicités ciblées.
Cette initiative représente un pas de plus vers un Internet payant pour tous.
Les utilisateurs de l’UE, de la Suisse et de l’Espace économique européen (Islande, Norvège, Liechtenstein) auront alors le choix : continuer à utiliser gratuitement ces réseaux sociaux en leur partageant leurs données personnelles ou opter pour un abonnement payant afin de se libérer des publicités. C’est ainsi que Meta, maison mère de ces deux réseaux sociaux, a annoncé la nouvelle.
Des abonnements payants effectifs courant novembre 2023
Comme le rapporte Insider Intelligence, les réseaux sociaux Facebook et Instagram cumulent respectivement 144 et 133 millions d’utilisateurs actifs en Europe hors Royaume-Uni. Ces derniers devront bientôt considérer leurs abonnements payants s’ils veulent éviter les publicités ciblées.
Dès lors, en novembre 2023, chaque abonné devra débourser 9,99 euros par mois sur version web. Ce montant passe à 12,99 euros pour les versions mobiles sur smartphones.
Ce virage inopiné marque un changement radical pour le groupe Meta, qui avait antérieurement assuré que son réseau social serait éternellement gratuit. Pour celui-ci, cette initiative s’inscrit dans une tendance croissante vers une monétisation directe de ses services, marquant une évolution majeure dans la stratégie financière de ses réseaux sociaux.
Plusieurs applications mobiles sur la trace de X
Depuis le début de l’année 2023, X (ex-Twitter) dut faire face à une perte considérable de ses annonceurs. Pour éviter la banqueroute, il a réagi en introduisant des formules payantes. Celles-ci servaient d’abord pour l’obtention de badges de certification, puis pour la suppression des publicités.
Elon Musk, le grand patron de la plateforme de microblogging, a même suggéré en septembre 2023 que X devienne entièrement payante. Cette option est actuellement testée aux Philippines et en Nouvelle-Zélande, au tarif modique de 1 euro par an.
Calquant cette tendance, Meta s’est décidé en février 2023 à changer de cap en proposant un badge de certification payant pour Facebook et Instagram. Depuis 2023, TikTok s’est aussi permis d’explorer une option d’abonnement payant sans publicité. En parallèle, depuis 2018, YouTube a fait le choix de fournir des abonnements payants sans réclame.
Fini la gratuité, oui… Mais attention au monopole des riches !
Selon Jean Cattan, secrétaire général du Conseil National du Numérique en France, on observe une transformation majeure du modèle économique de la plupart des réseaux sociaux. Ils passent de la gratuité vers le payant.
Toutefois, il souligne la nécessité d’une régulation attentive de ces transitions afin d’éviter l’émergence de monopoles, étant donné le poids cumulé des applications mobiles WhatsApp, Threads, Facebook et Instagram… Toutes propriétés de Meta.
Une autre inquiétude concerne la mise en avant des messages des abonnés. Cattan affirme que si tous les réseaux sociaux devenaient payants, cela risque de donner plus de voix aux riches. Un tel scénario compromettrait la neutralité en ligne et l’égalité de traitement des utilisateurs. Ce serait une violation des principes défendus par le droit européen au nom de la liberté d’expression.
Une décision motivée par les dispositions du règlement de l’UE pour le numérique
Meta et Google se sont imposés dans l’univers numérique en proposant des services gratuits financés par des publicités ciblées exploitant les données personnelles de milliards d’utilisateurs.
Mais dernièrement, on observe une résistance croissante contre le suivi non consenti de la part des internautes. Dès lors, l’Union Européenne a pris des mesures : d’abord avec le règlement de l’UE sur la protection des données (RGPD) en 2016, puis avec le règlement sur les marchés numériques (DMA) en vigueur depuis cet été 2023.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, les plateformes numériques ont jusqu’au 6 mars 2024 pour se conformer aux récentes dispositions établies. Meta est déjà sous pression. Le groupe a notamment écopé d’une amende record de 1,2 milliard d’euros en mai 2023 pour violation du RGPD, infligée par le régulateur irlandais au nom de l’UE.
Des règles et lois pour réguler les publicités sur les réseaux sociaux
En septembre 2023, la justice norvégienne a rejeté la requête de Meta demandant la suspension de l’interdiction de la publicité comportementale pour Facebook et Instagram. Cette sanction contraignait notamment le groupe à payer une amende quotidienne au pays. De plus, celle-ci s’accompagnait du risque d’une extension à d’autres régions d’Europe.
Selon Jeremy Goldman, analyste chez Insider Intelligence, l’initiative de Meta de promouvoir des abonnements payants sans publicité anticipe certains aspects du futur règlement de l’UE relatif aux services numériques. Face à l’impossibilité de personnaliser les publicités en vertu des nouvelles lois, il craint une baisse de ses revenus publicitaires. Il n’a alors d’autres choix que faire payer les utilisateurs pour minimiser ses pertes. Meta argumente que l’option d’un abonnement sans publicité concilie les exigences des régulateurs de l’UE tout en offrant le choix aux utilisateurs.
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Avec ETX Daily Up