La “réappropriation des villes” par les enfants est-elle indispensable pour contrer le temps passé devant les écrans ? C’est la question que soulève un récent rapport. La transformation de lieux publics en aires de jeux est envisagée depuis quelques années par certaines municipalités. Toutefois, ce projet reste encore timide.
Réappropriation des villes : un moyen efficace pour lutter contre l’usage excessif des écrans
Le psychiatre Serge Tisseron, membre de la commission sur l’exposition des enfants aux écrans, insiste sur la nécessité d’une réappropriation des villes. Le but est de lutter contre l’usage excessif des écrans chez les plus jeunes. Il estime que sans un engagement fort des municipalités, les recommandations de la commission resteront lettre morte. La création d’un grand nombre d’espaces de jeux et d’échanges, accessibles et gratuits est encouragée. Cela va inciter les enfants à sortir et à se sociabiliser. Il préconise également l’ouverture systématique des cours de récréation et des gymnases des écoles aux enfants et aux familles le week-end.
Le rapport remis au président Emmanuel Macron le 30 avril 2024 recommande de “peupler” l’espace public d’alternatives aux écrans. L’objectif est de redonner toute leur place aux enfants. La réappropriation des villes par les enfants passe donc par la création d’espaces qui leur sont dédiés. Ils pourront y jouer, se défouler et interagir avec les autres, loin des écrans et de leur influence parfois néfaste.
Pour lutter contre l’isolement des enfants, un investissement massif dans les aires de jeux est essentiel
La commission sur l’exposition des enfants aux écrans met en avant l’urgence d’investir massivement dans des alternatives aux écrans. Elle préconise l’aménagement d’aires de jeux dans les lieux publics comme les gares, les stations de métro, les abribus, les aéroports, les administrations et les organismes recevant du public. Elle propose également la création de rames dédiées aux enfants dans les trains.
Ces mesures visent à inverser la tendance actuelle de retrait des enfants des espaces publics. Ce phénomène est observé depuis plusieurs décennies dans les villes occidentales, accentué par l’essor d’internet et des smartphones. L’essor des téléphones portables, d’internet et des réseaux sociaux a réduit la nécessité pour les enfants de se rencontrer physiquement. Clément Rivière, maître de conférences en sociologie à l’université de Lille, a mis en évidence ce point dans une note publiée en mars 2023.
Plusieurs municipalités en France ont déjà créé des espaces adaptés pour sortir en famille
Les enfants des grandes villes passent de plus en plus de temps devant les écrans. Face à ce constat, certaines municipalités comme Paris, Lyon, Rennes ou Strasbourg ont adopté une stratégie de réappropriation des villes aux plus jeunes. Céline Hervieu, de la mairie de Paris, souligne la demande croissante des familles pour des espaces adaptés aux enfants. Selon elle, il est important de répondre à ce besoin. Leur objectif est de permettre aux familles d’accéder à des espaces de proximité pour des activités avec leurs enfants.
Parmi les initiatives mises en place, on peut citer les ludothèques mobiles, le programme “samedi en famille”, l’ouverture des cours de récréation le week-end et la création de “rues aux écoles”. Madeleine Masse, architecte-urbaniste, estime que ces initiatives sont un bon début pour la réappropriation des villes par les enfants. La réappropriation des villes passe par la création d’espaces dédiés qui favorisent leur sortie et leur sociabilisation, loin des smartphones et autres appareils numériques. Les initiatives menées montrent que cette transformation est possible et nécessaire pour le bien-être des plus jeunes.
Des lieux publics pour tous : l’Unicef appelle à un milieu urbain encore plus inclusif
Muriel Salmon, présidente de la commission sur l’exposition aux écrans, appelle à une transformation plus large des espaces publics. La réappropriation des villes devrait se faire même dans les cours d’immeubles de bureaux, pour inciter les enfants à sortir. Elle estime que sans un nombre suffisant d’espaces dédiés, les enfants resteront chez eux et se tourneront vers les écrans.
L’Unicef, qui a lancé en France l’initiative “ville amie des enfants” en 2002, souligne cette nécessité d’inclusion des enfants dans l’espace urbain. Si le nombre de villes engagées est passé de 12 à 300 en vingt ans, il reste encore beaucoup à faire au regard des 35 000 communes de France. Aurélie Calaforra, responsable du pôle programmes territoriaux à l’Unicef, déplore l’absence de politiques proactives pour garantir une place aux enfants dans les villes.
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Avec ETX/DailyUp